Spectacle

Aurore Fattier, à la mise en scène de Kát’a Kabanová

COUP DE PROJECTEUR

Káťa Kabanová sera votre première mise en scène d’opéra. Avez-vous une affinité particulière avec ce genre artistique, et plus largement avec la musique en général ?

Mettre en scène un opéra est un rêve que j’ai depuis très longtemps et qui va se réaliser. Quand Stefano Pace m’a proposé de diriger cette mise en scène après avoir assisté à une représentation de ma pièce Hedda au Théâtre de Liège en septembre 2022, j’ai tout de suite accepté !
La musique tient une grande place dans ma vie. Mon père était saxophoniste de jazz et, étant petite, j’ai baigné dans la musique de John Coltrane et de Miles Davis. Mes spectacles, qui sont des machines orchestrales, allient toujours la scénographie, la musique, le jeu d’acteur etc. Je suis très heureuse de cette collaboration avec l’Opéra Royal de Wallonie-Liège et de tous les projets à venir !

Vous avez annoncé envisager la mise en scène dans une perspective éco-féministe. Qu’entendez-vous par là ?

Pour moi, Kát’a, son corps, représentent la nature qui se meurt. Il y a une grande force de vie érotique, spirituelle, presque mystique chez elle, qui incarne à mon sens la puissance de la nature. Or, nous vivons dans un monde où la nature se meurt. C’est très signifiant pour moi de raconter que Kát’a et sa disparition en sont la métaphore.
La nature est centrale dans mon projet, puisque le décor sera entièrement constitué de végétaux réels. La scène se déroulera essentiellement dans une nature proche de la Volga en voie d’assèchement et de disparition, là où elle représentait la puissance inexorable de la Russie au moment de l’écriture du livret, sur base de la pièce d’Alexander Ostrovsky.

Vous aborderez ici un monument du répertoire d’opéra tchèque. Que vous évoque l’œuvre de Leoš Janáček, et comment envisagez-vous le travail dans une langue étrangère ?

Je trouve que la musique de Janáček est extrêmement moderne, quasi cinématographique, et cela m’a tout de suite plu. Sa puissance émotionnelle et narrative sont totalement dans l’air du temps. Quant à la question de la langue, je suis très curieuse d’envisager cette nouvelle manière de travailler. Je pense que le fait de ne pas parler le tchèque ouvre d’autres perceptions beaucoup plus sensibles et sans doute moins intellectuelles : cela m’intéresse beaucoup. Et je peux aussi compter sur ma merveilleuse assistante qui parle plus de cinq langues !