Quel tourbillon que cette Vie parisienne de Jacques Offenbach ! Et pourtant, celle que l’on connait et qui triomphe sur toutes les scènes, depuis sa création, n’est pas tout à fait celle imaginée au départ par Offenbach. Grâce à un travail minutieux, le Palazzetto Bru Zane nous propose la découverte de la version originelle de La Vie parisienne. Deux actes nouveaux font valoir des airs totalement inconnus. Le livret d’avant censure et des variantes oubliées offrent quant à eux un autre visage de certains des morceaux les plus célèbres. Une Vie parisienne inédite, qui conserve le charme et la présence des pages qui en ont fait la réputation. « Et pif et paf et pif et pouf ! Oui voilà ! Voilà la vie parisienne, du plaisir à perdre l’haleine ! ».
Ce que l’on en dit à l’époque
Quelques jours après la création du 31 octobre 1866 au Théâtre du Palais-Royal, dans L’Illustration, le romancier, dramaturge français, également critique dramatique, historien et chroniqueur de la vie parisienne de l’époque, Jules Claretie, dépeint l’atmosphère de la première comme celle d’une salle prise d’un délire collectif, d’ivresse, d’une douce euphorie et dira : « je riais comme on doit rire quand on vous chatouille sans répit la plante des pieds ». Sans conteste, La Vie parisienne d’Offenbach fait partie de ces œuvres au succès immédiat et qui de plus perdure. Et pourtant, c’est une version amputée, pourrait-on dire, que l’on entend quasi depuis toujours.
Une occasion unique pour un retour aux sources
Après les succès d’Orphée aux Enfers (1858) et de La Belle Hélène (1864), Jacques Offenbach va renouveler ce genre de spectacle dont il est le créateur en France, « l’opéra bouffe ». Lorsqu’il monte La Vie parisienne, fin octobre 1866, le succès dépasse de loin ses espérances. C’est un triomphe… Et pourtant, ce n’était pas gagné ! Des coupures dans le livret avaient déjà été opérées avant la création et non sans conséquences : plusieurs rôles avaient perdu une grande partie de leur envergure, et de nombreux airs avaient déjà disparu.
Plusieurs remaniements et retouches suivent afin de tenter d’ajuster une forme de déséquilibre, pour aboutir à la version de 1873, qui est celle que nous connaissions jusqu’à aujourd’hui…
Afin de retrouver la version originelle de La Vie parisienne, le Palazzetto Bru Zane effectue un travail approfondi de recherche scientifique autour des sources primaires de l’œuvre, encore largement méconnues jusqu’à ce jour. Le parti pris est celui de donner l’autorité aux librettistes, en reconstituant la mise en musique par Offenbach du livret déposé au bureau de censure le 29 août 1866 avant son remaniement. Le fait que l’ensemble de cette version dans une réduction pour chant et piano existe conforte la validation par Offenbach des qualités indéniables du texte de Meilhac et Halévy. Dans cette nouvelle Vie parisienne, pas moins de seize airs rares ou inconnus sont à découvrir.